Monique Fei
La production artistique singulière de Monique Fei bien qu’inspirée de la culture Chinoise est aux antipodes du rythme effréné de Shanghai. Elle redonne le temps au temps et ses créations se rapprochent de l’artisanat. Ce sont des heures passées sur chaque pièce.
La chine, pays de production intensive, détient le monopole dans l’industrie du textile et des vêtements pourtant à l’origine Shanghaï n’était qu’un modeste village de tisserands.
Elle tente de renouer avec ce passé.
Sans précipitation, doucement et minutieusement elle travaille son médium de prédilection, le latex, par succession de couches. Elle crée sa matière tel un bas-relief avec la technique du « moule chaussette » qui consiste à passer des couches de latex au pinceau avec un temps de latence entre chaque couche.
Par cette technique elle transforme la sève d’hévéa en tissus non tissé, elle en fait un moule qui devient son textile.
Cette métamorphose du latex lui confère un aspect visuel et anatomique épidermique dans sa composition puisque réalisé en plusieurs couches comme le derme, l’épiderme et l’hypoderme.
C’est une sorte de membrane, une seconde peau, une enveloppe ayant la même fonction que la peau : envelopper l’ensemble du corps afin de le protéger.
Ces vêtements et accessoires sont donc des moules qui épousent le corps, une seconde peau à l’instar d’un pansement.
Ces textiles intelligents sont capables de sentir leur environnement et d’y répondre avec un comportement spécifique ; en l’occurence les pigments qu’elle ajoute pour créer ses motifs réagissent à la chaleur et y répondent en changeant de couleur.
Ils deviennent un ornement un tatouage sur ce derme.
Annie Fillon